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Les lycées en grève le jeudi 8 décembre 2011

dimanche 27 novembre 2011, par synper

C’est une troisième journée de grève qui a eu lieu le jeudi 8 décembre 2011. La détermination des agents qui se sont rassemblés était d’autant plus forte que Jean-Paul HUCHON et Michèle SABBAN ont raillés l’importance du mouvement de protestation lors de la réunion des proviseurs, proviseurs adjoints et gestionnaires à Montreuil le 14 novembre 2011. Etrange comportement pour un employeur qui refuse de donner le nombre de grévistes et qui semble, en réalité, très nerveux face au mouvement de mobilisation des ouvriers placés sous l’autorité fonctionnelle des Proviseurs et sous l’autorité hiérarchique du Président de la Région.

La presse commence à relayer notre mouvement de protestation.
rue89, Ménage, cantine : agents de lycée, ils travaillent plus pour gagner autant.
Devant le 35 boulevard des Invalides
Là où est la direction du personnel...

Les syndicats ayant appelé à la grève sont, le vôtre - le SYNPER -, mais aussi la CGT, SUD, la CFTC, la FSU.

Derrière l’église Saint François Xavier
Un air de Noel...

Vous trouverez, ci-après l’appel en intersyndicale et la liste de nos revendications.

Des chansons...
Pour rire et se réchauffer !
Le SYNPER avait mobilisé
Zoom arrière sur un mouvement de contestation qui va grandissant.
Le mouvement de contestation contre le règlement sur le temps de travail des agents de lycées s’est construit au travers de plusieurs étapes illustrant un dialogue social "malade" à la région Île-de-France.

Il y a tout d’abord eu des réunions de négociations sur le projet de règlement où les syndicalistes étaient infantilisés et où l’employeur cherchait principalement à "vendre" son projet sans véritablement vouloir le discuter. Après cet exercice stérile, le projet, a été présenté en instance paritaire (le CTP du 9 mai 2011) où aucune organisation syndicale n’a pu rendre un avis favorable. Le projet, accompagné de cet avis, est alors proposé dans une instance politique (l’Assemblée générale du conseil régional des 22 et 23 juin 2011) devant le voter. L’enthousiasme des élus franciliens pour ce texte est très relatif. Ils amendent la décision proposée et demandent une application "en test" pendant trois mois. Les organisations syndicales, qui ne sont pas dupes de ce passage en force, déclenchent deux grèves (20 septembre 2011, 10 novembre 2011) et en annoncent une troisième, le 8 décembre 2011. Le mouvement de contestation s’amplifie au fur et à mesure que les agents découvrent un texte détruisant les principaux acquis de l’Education Nationale.

Dans ce contexte presque toutes les organisations syndicales se tiennent les coudes, et le mot n’est pas vain, au regard les attaques régulières que nous subissons de l’exécutif ou de l’administration. Par exemple, en pleine préparation de grève, le Président de la CFTC a été convoqué pour un entretien disciplinaire. Quand à SUD, le SYNPER ou la CGT, leurs représentants font l’objet d’agressions verbales de l’exécutif ou de l’administration lors des différentes réunions.

Bien évidement, certaines organisations ont fait d’autres choix. Il s’agit de la CFDT ou Force Ouvrière. Ces deux organisations se sont abstenues lors du CTP. Jean-Paul HUCHON, dans l’hémicycle, a rassuré les élus en disant que leur vote était acquis dès qu’il présenterait à nouveau le projet. Si l’on peut trouver ces propos insultants pour le libre arbitre de ces organisations syndicales, on constate néanmoins que Force Ouvrière, avec zèle, communique vers les agents pour les inviter à ne pas faire grève.

Il faut le dire, l’exécutif socialiste se comporte de façon catastrophiquement maladroite. Une élue s’est exprimée dans l’hémicycle avec condescendance sur les ex-agents TOS disant que la Région leur avait appris à lire. Sur un ton docte, un autre élu ajoute que grâce à la région, les agents ont maintenant accès à la médecine du travail ! Les débats étant retransmis sur Internet, les agents des lycées ont été horrifiés de voir quelle considération de leur situation avaient ces élus socialistes [1].

L’exécutif régional est plural et d’autres groupes grincent des dents face à cette gestion cavalière du dialogue social. C’est une chance pour l’exécutif, d’ailleurs, qu’il y ait cette pluralité d’expression, car sinon, les travailleurs rejetteraient en bloc le travail social pourtant intéressant qui a été fait. Tentation d’autant plus grande que l’opposition avance avec des propositions concrètes pour améliorer le dialogue social comme l’adoption d’une charte syndicale reconnaissant le travail des représentants syndicaux [2].

[1Plus d’information :
 « Nous voyons très bien que nous avons récupéré des personnels qui ne savaient pas lire ; nous les avons formés. » Brigitte EUDE, page 130 du procès verbal des débats de la séance plénière des 23 ET 24 JUIN 2011.
 « N’oublions pas, quand même, que ces agents n’avaient pas dans leurs fonctions par exemple de services sociaux réellement à leur disposition. Ils n’avaient pas de services de santé. Aujourd’hui, tout cela s’est progressivement mis en place. C’est une très bonne chose. Je voudrais quand même féliciter Mme Michèle SABBAN qui est à l’origine de tout cela. » Didier FISCHER, page 127
 « Tu peux être tranquille, Gabriel. Il y aura un avis majoritaire des syndicats. Je peux te l’assurer. » Jean-Paul HUCHON page 132

[2« Le 18 novembre dernier, notre assemblée adoptait à la
quasi-unanimité un vœu pour la mise en place d’une charte pour la reconnaissance du parcours syndical. Sur tous ces bancs,
nous avions voulu affirmer notre attachement à un dialogue social que la mondialisation rend plus que jamais indispensable.
Nous regrettions le très faible taux de salariés syndiqués – autour de 8 % dans notre payés et seulement 6 % dans le privé – et
le désengagement massif des travailleurs en France, alors que d’autres luttent dans d’autres parties du monde pour leurs droits
et leur survie syndicale. En adoptant ce vœu, nous disions haut et faut que nous souhaitions voir se renforcer les organisations
syndicales dont on a besoin qu’elles soient puissantes et représentatives. Nous affirmions solennellement que jamais une
adhésion ou un engagement syndical ne devait signifier marginalisation, placardisation ou carrière mise en parenthèses, mais
que, bien au contraire, les compétences et expériences acquises lors de ces mandats devaient être valorisées. En adoptant ce
vœu, nous avions suscité beaucoup d’espoirs parmi les agents et les représentants syndicaux de notre collectivité, comme
assuré par la charte qui a été signée entre la collectivité et l’ensemble des syndicats. La Région Ile-de-France allait mettre en
place ce dispositif qui légitime et promeut l’activité syndicale à travers quatre engagements essentiels :
− garantir que l’engagement syndical ne nuit pas à la carrière,
− reconnaître les engagements pris par les salariés dans le cadre d’un mandat syndical, contribuer à leur développement
les valoriser,
− faciliter l’articulation du mandat syndical et de l’activité professionnelle,
− accompagner les agents titulaires d’un mandat syndical dans les démarches de VAE dans le cadre des formations
d’excellence.
Il existait aussi l’espoir que, comme leurs camarades suresnois de la CGT, de la CFDT et de FO, un partenariat serait établi
avec Sciences Po et avec l’OIT. En effet, une promotion de 12 représentants des trois syndicats, dont la plupart n’avait même
pas le bac vient de soutenir un mémoire devant un jury de cette prestigieuse école, après une année de formation certifiante.
Six autres de leurs collègues ont eu, quant à eux, la chance de se former avec leurs camarades venus du monde entier au
centre international de formation centre de l’OIT de Turin qui a officiellement salué notre charte. Cette charte s’inscrit dans le
cadre de la convention 87 sur la liberté syndicale, si souvent violée par des états pourtant signataires. Il y avait aussi l’espoir
que, comme leurs collègues de Suresnes, dont le principal syndicat a doublé ses adhésions, cette charte allait favoriser
l’émergence de vocations de la part d’agents désinhibés, convaincus que leur engagement pouvait être temporaire s’ils le
souhaitaient, mais que, de toute façon, il ne serait jamais vécu comme une marginalisation ou une placardisation
professionnelle. Assan DIOP, directeur exécutif de l’OIT a qualifié cette charte, la première signée dans une collectivité
territoriale, de « révolution » dans le dialogue social. Le centre de OIT de Turin qui forme chaque année 14 000 stagiaires de
188 pays, va inclure dans ses formations en matière de ressources humaines une présentation de notre charte pour la
reconnaissance du parcours syndical.
Monsieur le président, alors que nous avions voté pour la mise en place d’un groupe de travail auquel chacun des groupes
participerait, alors qu’à Suresnes nous avions signé avec tous les syndicats, deux mois seulement après l’ouverture des
négociations, qu’avez-vous fait, sept mois après, du vote de tous nos collègues, et de l’espoir suscité parmi les représentants
du personnel, les agents syndiqués et tous ceux qui ne sont pas encouragés à le faire, ou n’osent pas franchir ce pas pour ne
pas choisir entre leur engagement et leur carrière » Béatrice de LAVALLETTE, page 16 et 17 du procès verbal des débats de la séance plénière des 23 ET 24 JUIN 2011.